Les évangéliques sont en pleine expansion, dans le monde comme en France. Ces Eglises, dont les racines remontent à la Réforme, sont parfois perçues comme un nouveau mouvement religieux. Sans doute en raison de l'augmentation récente spectaculaire du nombre de leurs implantations locales. Plus de la moitié des 2068 Eglises évangéliques de France métropolitaines a été créée au cours des trentes dernières années. Pourtant des Eglises de ce type existent depuis le XVIe siècle.
La prééminence du rôle de Jésus-Christ est liée à la doctrine de la conversion personnelle. Un « changement personnel suite à une expérience religieuse, la conversion s’interprète chez les protestants évangéliques comme un processus. L’individu reconnaît Jésus-Christ comme son "sauveur" mort pour ses péchés et ressuscité pour son salut. Cette étape s’accompagne de la repentance (regret du mal commis) et d’un choix d’obéissance ("suivre Jésus"), engendrant une reconfiguration globale de l'itinéraire biographique du converti. »
Cette conversion est toujours une décision personnelle et libre. C’est pourquoi les évangéliques sont attachés à la notion de liberté de conscience et de liberté d’expression de la foi. Ils manifestent leur conversion par le baptême reçu à l’âge adulte. Ils ne baptisent pas leurs enfants pour leur conserver la liberté de choix lorsqu’ils seront capables de décider par eux-mêmes.
Oui, les évangéliques adhèrent pleinement aux principes théologiques de la Réforme protestante du 16e siècle. Aujourd'hui ils restent fidèles à ses principes : la foi seule, la grâce seule, la Bible seule. Aussi maintiennent-ils une distance critique vis-à-vis de toute hiérarchie ecclésiastique ou médiation humaine qui s'interposerait et limiterait l'accès direct du croyant à Dieu ou qui tenterait d'altérer l'autorité de la Bible. Si la plupart des églises évangéliques s'intitulent « Église protestante évangélique » c'est pour bien marquer leur lien et leur attachement à l'identité protestante historique.Cette fidélité aux principes du protestantisme permet de distinguer les Églises évangéliques d'églises qui se nomment abusivement « évangélique » sans appartenir au protestantisme évangélique.
Lorsque dans un groupe la parole du « pasteur-gourou » compte plus que la Bible, que le marketing remplace la simplicité évangélique et que le credo s'éloigne de l'exemple de Christ et promet à tous richesse et santé... il ne s'agit certainement pas d'une église protestante évangélique. Les instances régulatrices comme la Fédération Protestante de France, la Fédération Évangélique de France, l'Alliance Évangélique Française et le Conseil National des Évangéliques de France, jouent alors un rôle important.
L'Église chrétienne du premier siècle était « évangélique » sans en avoir l'appellation. Fondée par les apôtres du Christ, il y a près de 2 000 ans, elle s'est basée sur l'enseignement de Jésus formulé dans les évangiles. La prépondérance de la Bible et la mise en pratique de l'Évangile caractérisent l'Église du premier siècle, comme les Églises évangéliques d'aujourd'hui.
Au fil des années, certaines pratiques ecclésiales étrangères au Nouveau Testament sont introduites. Constantin le Grand et ses successeurs établissent un empire romain « chrétien » qui facilite l'intrusion de pratiques païennes dans l'Église. Au fil des siècles, des hommes et des femmes, attachés au message originel de la Bible, tentent de repousser les traditions extra-bibliques. Parfois, ils appartiennent à l'Église catholique romaine, parfois ils sont marginalisés et persécutés comme Pierre Valdo, Jan Hus, Jérôme Savonarole et tant d'autres.
Au 16e siècle éclate la Réforme protestante avec Martin Luther en Allemagne, Calvin en France et Zwingli en Suisse... Elle résulte principalement d'une redécouverte de la Bible qui se propage en Europe grâce à l'imprimerie. Pour des millions d'hommes et de femmes, les Saintes Écritures redeviennent l'unique et souveraine autorité spirituelle. Au même moment, la Réforme dite « anabaptiste-mennonite » prend naissance parmi de jeunes intellectuels protestants à Zurich, en Suisse. Celle-ci développe une vision de l'Église séparée de l'État et invite à un engagement de foi personnel. En 1609 est créée la première église évangélique baptiste à Amsterdam. Les églises protestantes évangéliques d'aujourd'hui résultent de l'évolution de ces différents courants historiques.
Au 17e siècle, le courant évangélique se développe sous l'influence de personnalités comme J. Spener, de Ribeauvillé (Alsace), ou le comte Zinzendorf, fondateur de l'Église des frères Moraves. Le Réveil protestant dit « piétiste » a exercé une influence considérable sur les Églises luthériennes et réformées. Il est aussi à l'origine de nombreuses nouvelles dénominations protestantes évangéliques. Au 18e siècle, John Wesley un ancien pasteur anglican qui se convertit en 1738 à Jésus-Christ, lance le Réveil dit « méthodiste » qui aura un impact spirituel et social considérable en Angleterre, et plus modeste, en France, en Bretagne... Si ces mouvements adoptent des noms nouveaux, ils cherchent néanmoins à valoriser les valeurs bibliques et typiquement évangéliques. Au 19e siècle, un effort missionnaire important précédera l'apparition des Églises évangéliques libres, des Assemblées de Frères et, au 20e siècle, des Églises pentecôtistes et charismatiques.
À la différence d'autres pays, la France n'a pas connu de liberté religieuse avant la Révolution. Jusqu'en 1905, date de la loi de séparation des Églises et de l'État, établir une église évangélique était souvent difficile. Il ne faut pas oublier qu'à la suite de la révocation de l'édit de Nantes, en 1685, la France n'a reconnu, pendant près d'un siècle, qu'une seule religion, le catholicisme. Des milliers d'évangéliques ont alors péri, fui en Suisse, en Allemagne, au Pays-Bas et en Amérique. Des facteurs internes ont également freiné ponctuellement leur développement : une propension au repli sur soi, un complexe minoritaire, une certaine distanciation par rapport à la société et ses préoccupations.
Les Français sont habitués à la structure pyramidale et monolithique du catholicisme. Par comparaison, chez les évangéliques, l’absence d’une hiérarchie affirmée, d’un clergé ou d’une structure unique surprend et parfois déroute.
Les évangéliques peuvent être considérés comme une famille dans laquelle l’essentiel du patrimoine génétique est commun à tous les membres qui la composent. Seuls quelques chromosomes diffèrent et vont donner naissance à des personnalités distinctes et uniques. Les évangéliques ont l’essentiel en commun. L’histoire, la compréhension variée de certains aspects théologiques et ecclésiaux secondaires, expliquent que les croyants se regroupent en diverses dénominations : baptistes, méthodistes, pentecôtistes, frère...
... entre l'attachement à des sources anciennes et des cultes intégrant de la musique et des méthodes de communication modernes ? Les évangéliques ne le vivent pas comme une difficulté, bien au contraire. Basés sur des fondamentaux théologiques anciens et éprouvés, ils veulent vivre une foi simple et authentique. Ils acceptent des choix éthiques exigeants parce que la Bible les enseigne. Ce cadre de valeurs sûr et stable crée un grand espace de liberté au niveau des formes d'expression de la foi. Une place prépondérante est laissée à la lecture et à la méditation de la Bible. Il n'y a pas ou peu de liturgie imposée, le style musical est adapté au public et à la culture environnante, les prières sont généralement spontanées.
Chacun est encouragé à mettre ses dons au service des autres, ce qui favorise la créativité. Chaque croyant est invité à mettre l'Évangile en pratique dans sa vie quotidienne, ce qui constitue un vrai projet de vie.