Que penser de

Chaque enfant de Dieu a le privilège de se savoir appelé à assumer ses responsabilités pour discerner la volonté de Dieu et prendre part à son œuvre.

Le livre des Actes est apporte un témoignage précieux sur la vie de l’Eglise primitive. Ce livre n’a pas pour but de fixer une doctrine normative, applicable en tout temps et en tout lieu par les disciples du Christ

Toutefois, il apporte des éléments précieux concernant la façon de comprendre le rapport entre la volonté souveraine de Dieu et la responsabilité des chrétiens de la discerner.

Il est intéressant d’observer les modalités selon lesquelles les apôtres et les premiers disciples prenaient des décisions pour orienter leurs actions

Parfois la prise de décision est clairement dépendante de la souveraineté de Dieu. En voici quelques exemples :

  1. tirage au sort précédé par la prière (Actes 1.23-26, avant la Pentecôte)
  2. intervention d’un ange (Actes5.19; 8.26; 12.7,23)
  3. action du Saint-Esprit (Actes 5.19 ; 8.26 ; 12.7, 23)
  4. intervention d’un ange (Actes 8.29, 39 ; 13.2 ; 16.6-7)
  5. apparition (Actes 9.4 ; 16.9-10 ; 23.11 ; 27.23)
  6. visiori (Actes 10.3, 10 ; 18.9-11)

D’autres fois, la prise de décision est plutôt le fait des disciples. Ils assument et engagent leur propre responsabilité :

  1. réflexion et concertation (Actes 6.1-6 ; 14.5-6 ; 15.1, 2, 6, 7, 12, 22, 25, 28 ; 15.39 ; 16.13-15 ; 21.23-26)
  2. réflexion après qu'un prophète ait prédit l'avenir (Actes 11.27-30 ; 21.10-11)
  3. planification de projets (Actes 19.21-22 ; 20.16)
  4. lecture des circonstances (« porte ouverte ou fermée ») (Actes 13.42, 44 ; 16.6-7 ; 17.13-14 ; 18.6 ; 19.9 ; 20.2-3 ; 21.2-6 ; 23.16 ; 27.6 ; 28.12-14 ; 28.30-31)

Vous remarquerez que dans les épîtres, qui fixent les normes doctrinales et les pratiques, les disciples sont exhortés à discerner la volonté de Dieu et que ce discernement est étroitement lié à leur intelligence (Romains 12.1-2, par exemple). La recherche de la volonté de Dieu par le moyen de manifestations surnaturelles n’est pas particulièrement mise en avant.

Les épîtres nous invitent plutôt à assumer nos responsabilités morales et spirituelles, en laissant à Dieu le soin d’intervenir quand et où bon lui semble

Paul lui-même usait très souvent de son intelligence renouvelée pour prendre des décisions. Il ne s’attendait pas systématiquement à une intervention surnaturelle :

  1. il s’en remet à la souveraineté de Dieu, (Romains 1.10)
  2. il forme des projets (Romains 1.13 ; 15.23-24 ; 1 Corinthiens 16.5-9)
  3. il prend des décisions à partir de certains principes et lignes de conduite qu’il s’est fixés (Romains 15.20)
  4. il réfléchit et fait des déductions : « nous avons trouvé bon », « j’ai estimé nécessaire de… »; « Paul avait résolu… »;
aux Corinthiens qui l’avaient interrogé sur le mariage, il n’hésite pas à exposer son point de vue qui découle d’une réflexion personnelle mûrie et soutenue (1 Thessaloniciens 3.1-2 ; Philippiens 2.25 ; Actes 20.16 ; 1 Corinthiens 7.6-8, 12, 17, 25-26, 40)

Que nous exercions une profession séculière ou un ministère « spirituel », nous avons tous une mission à remplir, un rôle à jouer, car notre existence compte et peut faire la différence dans notre vie conjugale, familiale, professionnelle, sociale, dans l’église comme dans le monde ! Concrètement, cela signifie que nous devons endosser notre responsabilité humaine de décider et de choisir en tenant compte des critères moraux et spirituels qui s’accordent avec l’échelle de valeurs du Seigneur et en faisant confiance à la souveraineté divine qui saura nous conduire dans la bonne direction.

Dans un prochain article nous commencerons à étudier les instruments de navigation dont disposent les disciples pour discerner la volonté de Dieu dans leur prise de décisions.

Pour aller plus loin :

Dany Hameau, Nos décisions et la volonté de Dieu, Marne-la-Vallée, Editions Farel, 2009.

Le Seigneur met à notre disposition divers instruments pour nous aider à prendre des décisions qui soient conformes à sa volonté souveraine : la Bible, la prière, notre conscience, le conseil des autres,les circonstances et notre jugement humain.

Nous avons probablement déjà entendu ou lu des versets tels que ceux-ci : Ta parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier (Psaumes 119.105) et Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pourenseigner, pour convaincre pour redresser, pour éduquer dans lajustice, afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute œuvre bonne. 2 Timothée 3.16-17).

Naturellement, tout n’est pas écrit dans la Bible ! toutefois, nous avons tout ce qu’il est nécessaire de savoir pour vivre selon le standard de la volonté de Dieu. La Bible exprime très clairement la volonté morale et absolue de Dieu (commandements,préceptes, interdits...). Cette volonté morale constitue un point de repère précieux dans nos décisions.

Ce qu’il faut réaliser c’est que l’étude des Écritures approfondit notre connaissance de Dieu. L’étude sérieuse, la lecture dévotionnelle et régulière, nous habituent à sa façon de voir les choses. La Parole de Dieu peut dès lors nousinfluencer, nous former et forger notre caractère, changernotre comportement et stimuler notre réflexion.

En utilisant la Parole de Dieu, nous devons tenir compte de soncontexte et de la révélation progressive, en respectant l’intention première des textes sans déroger aux règles sages et raisonnables d’interprétation. Il serait plusque douteux d’utiliser le texte de 2 Corinthiens 12.9 « Ma grâce tesuffit » pour en conclure que la volonté de Dieu est que j’épouse la jeune fille qui répond au doux nom de « Grâce »... La Parole, oui, mais pas n’importe comment, ni à n’importe quelle sauce...

Nous nous trouvons bien souvent confrontés à des situations qui nous dépassent et nous déroutent. Quel privilège ont les enfants de Dieu de pouvoir dépendre de Lui et le consulter dans la prière ! Mais attention, la prière n’est jamais une solution de facilité ni un oreiller de paresse qui nous dispenserait d’assumer nos responsabilités ! Prier,c’est rechercher activement la pensée du Seigneur pour pouvoir s’y conformer et entrer dans la perspective de Dieu.

Parfois, nous n’arrivons pas à voir clair dans ce que nous devons faire, tout simplement parce que nous n’avons pas suffisamment« décanté » la situation dans la prière. Prier, ce n’est pas seulement parler à Dieu, c’est aussi Lui donner l’occasion de nous parler, de nous communiquer une compréhension renouvelée de notre situation avecdes indications nouvelles qui peuvent nous servir de directivespour la marche à suivre. Quand nous prions, nous laissons Dieu façonner nos désirs et orienter nos aspirations pour qu’ils concordentavec les siens.

Notre conscience est un instrument de mesure qui a perdu, suite au péché, sa sensibilité et sa fiabilité d’origine. Elle devrait permettrede faire la part entre le bien et le mal. Notre conscience peut néanmoins êtreéclairée, rééduquée et réactivée par l’action du Saint-Esprit quiutilise la Parole de Dieu.On peut la rapprocher des notions de convictions personnelles, d’intuitions, de sentiments.

Certaines personnes prennent leur intuition pour lavoix de Dieu.Cela peut s’avérer dangereux car nous nepouvons jamais être sûrs qu’après coup du bien fondé ou non denotre intuition qui peut prendre le pas sur notre intelligence et ouvrir toute grande la porte à n’importe quelle forme de subjectivité. Ilne faut jamais oublier que nos impressions et intuitions peuventprovenir de Dieu, de Satan, de notre chair, de nos désirs que nous prenons pour la réalité... Elles ont une valeur relative et confirmative, maisjamais indicative à elles seules.

Bien souvent les chrétiens trouvent une confirmation et une justification de ce qu’ils prennent pour la volonté de Dieu dans le sentiment de « paix » qu’ils éprouvent dans leur conscience. Les sentiments que nous éprouvons après avoirprié sont importants. La paix que nous pouvons ressentir dans notreconscience, après une prise de décision, a une valeur confirmative non négligeable (mais non indicative à elle seule). Il en va de même pour les conséquences qui découlent de la décisionprise : elles viennent confirmer (ou pas) que nous avonsprobablement euraison de faire le choix que nous avons fait. Il faut néanmoins préciser que le critère de « la paix » n’est ni absolu ni infaillible en lui-même et ne garantit nullement l’approbation divine.

Certains n'hésitent pas à affirmer : « Le Saint-Esprit m’a dit... » L’argument semble spirituel et irréfutable... Faisons preuve de discernement pour ne pas donner carte blanche aux esprits indépendants et insoumis qui se croientintouchables pour dire et faire n’importe quoi. Si vous y faites attention, vous remarquerez que l’expression « le Saint-Esprit dit » est rare dans le Nouveau Testament

  • Actes 13.2 : c’est un message pour l’Eglise en général, pas pour un individu ;
  • Actes 21.11 : Agabus annonce un événement à venir qui ne révèle ni la volonté de Dieu, ni la marche que Paul devra suivre ;
  • Apocalypse 2.7, 11, 17, 29 ;3.6, 13, 22 : chaque enfant de Dieu est exhorté à discerner ce que le Saint-Esprit cherche à dire à la communauté

Discerner la volonté de Dieu est un processus qui demande du temps et qui ne doit pas être pris à la légère. Ce n’est pas seulement le résultat qui importe... c’est aussi le chemin par lequel nous passons ! Ce chemin devrait nous faire mieux découvrir la personne de Dieu. le processus de discernement de la volonté de Dieu est une extraordinaire opportunité de croissance spirituelle ! Intéressons-nous aux 3 derniers de navigation !

Le conseil des autres

D’autres ont déjà foulé le chemin sur lequel nous nous trouvons présentement et sont tout de même bien placés pour pouvoir nous donner quelques conseils avertis qui valent leur pesant d’expérience et de sagesse. Savoir reconnaître son besoin d’autrui et se montrer disposé à se remettre en question suite à son conseil est un signe de sagesse et de maturité.

Bien évidemment, il importe de savoir choisir ses conseillers. Ils ne doivent pas être d’office gagnés à notre cause, ni être des inconditionnels de notre personne abondant constamment dans notre sens... Ils doivent avoir plus de sagesse et d’expérience que nous, être suffisamment extérieurs à notre situation pour pouvoir rester objectifs, neutres et désintéressés.

Une fois que nous avons recueilli le conseil d’autrui, il nous faut peser devant le Seigneur ce que valent les différents avis, en faisant ressortir le pour et le contre de chaque option. Cet exercice permet d’explorer les différentes facettes d’une situation. Par ailleurs nous ne devons pas oublier qu’en fin de compte « les conseillers n’étant pas les payeurs » ; la décision nous appartient et nous devrons assumer les conséquences de notre décision.

Si le salut et la sagesse résident dans le grand nombre de conseillers il ne faut pas pour autant exagérer en consultant un nombre excessif de personnes extérieures qui risquent d’ajouter à notre confusion en donnant des avis différents, voire contradictoires...

Les circonstances

Lorsque les circonstances abondent dans notre sens, il est difficile de ne pas y voir un clin d’oeil de la part du Seigneur. On parle alors de « porte ouverte ».

Si la souveraineté de Dieu est sans défaut, notre lecture des circonstances n’est par contre pas infaillible. Nous pouvons mal décrypter la signification des événements ou encourir le risque de leur faire dire ce que nous aimerions qu’ils disent, en prenant nos désirs pour la réalité.

A elle seule, la lecture des circonstances ne permet pas de garantir que l’on est dans la volonté de Dieu. Mais, conjuguées aux autres instruments de navigation, elles ont valeur de confirmation (jamais d’indication définitive à elles seules). Nous ne devons pas permettre aux circonstances de prendre des décisions à notre place ; cela relèverait d’une attitude irresponsable et immature. Il ne convient pas non plus de scruter le moindre événement pour lui faire dire à tout prix ce que nous souhaitons entendre.

Dans les grandes décisions que nous avons à prendre, les circonstances ne devraient jouer qu’un rôle secondaire de confirmation, et non prioritaire ni décisif à elles toutes seules.

Notre intelligence renouvelée

Il est bien vrai que le péché a sérieusement altéré notre faculté de jugement et d’entendement. Cela ne signifie nullement que nous devons renoncer à nos facultés intellectuelles. Dans la parabole de l’homme qui veut construire une tour et du roi qui part en guerre Jésus souligne le bon usage que le bâtisseur comme le roi ont su faire de leur jugement humain et faculté d’analyse, de planification et d’anticipation.

Notre intelligence renouvelée (Romains 12.2) doit s’adapter et s’accommoder à la pensée de Dieu, et non l’inverse. Si cet instrument de navigation qu’est notre intelligence se trouve mentionné en dernier, il n’est pas pour autant d’importance négligeable ou accessoire... C’est à notre intelligence que revient la charge de faire la synthèse des indications fournies par les autres instruments et de trancher en dernier ressort.

Pour finir

Combien de signes doivent concorder ? Au moins les trois premiers qui restent prioritaires et essentiels : la Bible, la prière et notre conscience. Sans ces trois éléments acquis, le reste sera trop aléatoire. Dans les décisions particulièrement importantes, les autres instruments de navigation (le conseil des autres, les circonstances et l’intelligence renouvelée) fourniront de précieuses indications qu’il importera de prendre en compte.

Pour aller plus loin :

Dany Hameau, Nos décisions et la volonté de Dieu, Marne-la-Vallée, Editions Farel, 2009.

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